La femme dans la lune est un mythe
qui ne s’est pas répandu en Europe. En dehors de la Chine et du Japon, on le
retrouve chez les peuples natifs d’Amérique du nord.
En Amérique du nord, la femme dans
la lune est un mythe cosmogonique. Prenons pour exemple l’histoire racontée par
les indiens Algonquins du cercle arctique (Eskimos, Inuits, Yupiks,
Aléoutes) : dans leur tradition de la formation du soleil et de la lune se
tient un magicien si puissant qu’il pouvait monter au Paradis quand bon lui
semblait. Ainsi, une fois il prit avec lui une fille des plus belles qu’il aima
passionnément, et aussi un peu de feu auquel il adjoint quantité de gaz, et créa
le soleil. Pour un temps, le magicien traita sa femme avec beaucoup de
tendresse et ils vécurent heureux ensemble ; mais il devint cruel envers
elle, la trompa de différentes manières, et, point culminant, brûla l’un des
côtés de son visage. Après ce dernier affront, elle s’enfuit et devint la Lune.
Depuis lors, son frère la poursuit, parvient quelquefois à s’en approcher, mais
ne réussit jamais à la rattraper. À la nouvelle lune, le profil brûlé du visage
de la femme est tourné vers la terre, tandis qu’en phase de plénitude, celui-ci
s'inverse.
Dans
une autre tradition indienne, une vieille femme vivait avec sa petite-fille, d’une
beauté incomparable. En grandissant, elle se demanda si sa grand-mère et
elle-même étaient les seuls êtres à vivre au monde. La vieille dame lui
expliqua qu’un démon avait détruit tous les autres vivants, mais que par son
pouvoir elle avait réussi à lui échapper, elle et sa petite-fille. Cela ne
satisfit pas la jeune fille, qui pensa que d’autres personnes avaient
certainement survécu. Elle décida donc de se mettre en recherche, et au dixième
jour de son voyage elle se trouva devant une maison où vivaient douze frères,
qui étaient tous chasseurs. Le douzième de ces frères l’épousa et mourut après
la naissance d’un fils. La veuve se maria ensuite tour à tour avec chacun des
autres, en commençant par le plus jeune. Quand elle s’unit au plus vieux, elle
s’en fatigua bien vite et s’enfuit loin, par le portail ouest de la maison des
chasseurs. Arrachant l’un des pieux qui soutenaient le portail, elle disparut à
l’horizon avec son petit chien et on perdit rapidement leur trace. Plus tard, elle
réapparut à l’est, où elle rencontra un vieil homme pêchant dans la mer. Cet
homme était celui qui avait créé la terre. Il lui offrit de passer vers l’ouest
en voyageant à travers les airs. Pendant ce temps, le mari délaissé avait
poursuivi sa femme à travers les terres de l’ouest et s’en revenait à l’est, où
le vieux pêcheur tourmenteur hurlait après lui :
- Allez, allez, tu courras après ta
femme aussi longtemps qu’elle n’aura pas atteint les confins de la terre, et
les nations qui se bâtiront sur cette terre t’appelleront Gishigooke, « celui qui fait la lumière du jour ».
De cette histoire est issu Gizis, le soleil. Certains indiens
comptent seulement douze lunes, qui représentent les douze frères chasseurs,
mourant l’un après l’autre.
Bonjour,
RépondreSupprimerIl existe cependant une tradition française (dont j’ai trouvé assez peu d’occurrences il est vrai) de vieille femme dans la lune. Sabine Sicaud, enfant-poète morte à 15 ans en 1928, a consacré un sonnet à ce thème… Et (eh, eh) vous trouverez une nouvelle de ma plume (en hommage entre autres à cette poétesse et titrée « La vieille qui, là-haut, porte son fagot noir ») dans un numéro de la revue /Fiction/, tome 9, février 2009 (éd. Les Moutons Électriques), récit dont je peux vous envoyer le PDF si cela vous intéresse.
Bien cordialement,
Timothée Rey
Eh eh ! Je suis bien sûr curieux d'informations au sujet de cette "vieille au fagot noir" et de cette enfant-poète Sabine Sicaud. Si vous m'envoyez ce PDF, j'en serai ravi ! Merci
SupprimerLL