La symbolique, pas plus que les croyances populaires, ne font de différence entre le lièvre et le lapin. Pour certaines civilisations anciennes, le lièvre était un « animal de la lune » car les taches sombres que l’on peut voir sur le disque lunaire ressemblent à un lièvre en pleine course.

Encyclopédie des symboles (sous la direction de Michel Cazenave, La Pochothèque,1996)


auteur-éditeur : www.remy-leboissetier.fr

jeudi 19 décembre 2013

Bestiaire érotique, Jean-Luc Hennig [Albin Michel, 1998]

Pourquoi le lapin blanc a l’œil rose et le cul distrait

La Fontaine l'aimait bien, parce qu'il lui ressemblait. Il parle de son "œil éveillé", de son "oreille au guet", de son insouciance oublieuse qui le rend encore plus gai après ses rapides frayeurs. De son goût du bonheur, de sa légèreté. Oui, le petit lapin a bien des vertus. L’œil riant, des oreilles qui ressemblent un peu à la feuille de mâche, à la "boursette touffue" de Ronsard, et un nez qui se fronce à tout bout de champ, pour mieux sentir tout ce qui passe.

Ce n'est plus, comme on disait à Rome, une "bête issue de la terre", mais un être qui prend la vie comme elle va, aimablement. Un gentil polisson aussi, au poil gris mêlé de fauve (à l'état sauvage). Et une amusante garniture domestique, qui se fait dans tous les tons : d'un beau noir, ardoise, tacheté, isabelle ou même bleu. Mais quand il est blanc aux yeux roses, on le croit un peu fou, comme le lapin d'Alice qui dit toujours à mi-voix : "Oh, mon Dieu ! oh, mon Dieu ! Je vais être en retard !" Et quand il est vert, comme ceux qui étaient élevés au château ducal de Moulins, c'est qu'il a les oreilles bien longues, que c'est un va-de-la-lance, ami de la gaudriole et du reste, bref un chaud lapin. Un délice, quoi !

samedi 14 décembre 2013

Chang'e 3 ou le lapin de jade

"Lapin de jade" s'est posé sur la lune... Va-t-il enfin rencontrer son homologue le "lièvre lunaire" ?

Phonétique-fictions, Rémy Leboissetier [éditions Venus d'ailleurs, collection Pallas Hôtel / Porte J, 2013]

" In principio erat Verbum, de source biblique. Au départ, en tout cas, il y le A, le toit du monde, Himalaya qui abrite le grand Magistrat, le Kalife Alif, lançant d'un coup de glotte inaugural l'éclair vocalique et la foudre consonnante : Abracadabra ! ".

Quatrième ouvrage de la collection Pallas Hôtel et première entrée de la porte J (domaine du jeu : carte joker et jongleries), Phonétique-fictions rassemble 18 aventures luxuriantes et luxurieuses, entrelardées de virelangues. Après avoir sillonné les sentiers qui bifurquent des glossaires par différents moyens de logomotion, observé les configurations célestes et galeries souterraines des vocables, l'auteur nous invite à découvrir la « faune phonitruante et la flore verboyante » * de son album sonorifique, panorama paronymique en 17 vues conformes au nombre de phonèmes consonantiques de l'alphabet français (avec le A en supplément vocalique). Ouvrage à considérer comme un classique de l'allitérature, tout au moins comme un parfait manuel d'élocution et remède efficace pour les dyslexiques.


* Expression de Robert Escarpit, tirée de Vocabulosaure.

Le lecteur-explorateur fera successivement la connaissance de l'Archimage Abraham, taillé à cent carats en baccarat d'Ankara ; de Baby Bibendum, chérubin ébaubi avec bibelots en ribambelle ; d'Ulysse chassant le cétacé et de Circé, la fiancée suspicieuse ; du Dandy de Dundee, dindonneau d'ardeur débordante et d'allure dégingandée ; d'un fier funambule, fildefériste efflanqué ; de Grégoire, gringo des garrigues, avec son galago gouailleur et sa guenon guinéenne ; d'un chamelier chenu qui cloche de la hanche gauche ; d'un Don Juan déjoué par des femmes vengeresses, mangeuses de gingembre ; d'Aki le kamikaze, encaqué dans un coucou rustique ; de Lilith, à la pâleur liliale, en lutte avec le mâle originel ; d'un mamelouk polygame souffrant d'inflammations rhumatismales ; d'Anna, nonne et naine, béguine de bonne aubaine ; d'un pope propret portant un peplum de pourpre popeline ; d'Aurore Perlerare, aux prises avec le roublard Léonard, qui préfère mourir sans remords en recourant au curare ; d'une statuette hottentote aux tétons tatillons ; de Victor et Viviane, bivalves bavant d'amour sur la grève ; de Zazie, zoolâtre, qui rêve des îles Zanzibar ; et pour finir en bonne moralité, la série se conclut par la fable du gnou (hargneux) et de l'agneau (mignon).

Enfin, parmi les virelangues les plus retors qui servent d'interludes à ces histoires, proposons celui-ci, à répéter 3 fois au moins le matin à jeun :
 
" Le chat gris tigré intriguait Greta ".


Couverture originale de Benjamin Monti, bichromie jaune/noir
86p., 10,5 x 21cm, 505 exemplaires, dont :
500 exemplaires courants + 5 numérotés, comportant un dessin original de Benjamin Monti.