Moins
connu que le lapin sauvage ou le lièvre de garenne, car beaucoup
plus difficile à apercevoir, le lièvre variable, s'il appartient
comme ses camarades à la famille des léporidés herbivores et à
l'ordre général des lagomorphes, est une espèce originale qui ne
change pas seulement de pelage, mais qui présente bien des
singularités. Et voyez d'abord comme il a la classe, avec sa livrée
immaculée !
Voilà
quelques éléments qui fondent sa particularité :
L'espèce
se serait différenciée au cours de la dernière glaciation
quaternaire, le climat rigoureux qui régnait alors sur l'Europe,
avait alors obligé la faune à des adaptations importantes. La
stratégie de camouflage du lièvre variable en a fait une espèce à
part entière.
En
France, la plupart des lièvres variables se trouvent dans les Alpes,
le plus souvent à une altitude de 2000m
Gris-brun
l'été, Lepus timidus devient blanc à l'automne et fait
ainsi des économies d'énergie, le blanc limitant le rayonnement de
chaleur de l'animal (climatiseur organique) ; ses oreilles sont
aussi plus courtes et il est globalement plus en rondeur, accentuant
son aérodynamisme ; ses pattes arrières sont aussi plus
longues, et surtout plus larges, et s'apparentent à des raquettes
naturelles, adaptées au milieu neigeux ; ses incisives, d'une
grande force, lui permettent de ronger des écorces (son système
digestif lui permet de digérer le bois). Il est capable de manger a
peu près n'importe quel végétal et il sait aussi se purger en
avalant des graviers, de la terre...
C'est
un voyageur longue distance avec des parcours de dénivelés pouvant
aller jusqu'à 1000m. Il fréquente tous les milieux de la montagne à
la recherche de nourriture. Il fait aussi de très nombreuses crottes
(près de 400 par nuit) qu'il sème sur son passage : lisses et
rondes, comme formées de sciure, on les identifie aisément. A ce
propos, le lièvre variable est caecotrophe, c'est-à-dire qu'il
produit deux types d'excréments et qu'il mange l'un d'entre-eux,
montrant l'exemple d'un précieux recyclage !
On
l'appelle familièrement monsieur Blanchot ou Blanchon. Son espérance
de vie est de huit ans, mais se réduit le plus souvent à 3 ans et
beaucoup de « blanchonnets » ne passent pas l'année. Il
y a contre lui bon nombre de prédateurs : c'est au moment où
les tendres pousses sortent de terre qu'il redevient gris et se fait
mieux repérer par les aigles, renards, hermines, belettes, fouines,
martres...
La
femelle de Lepus timidus, qu'on appelle aussi la hase, peut
avoir jusqu'à quatre portées par an de trois ou quatre petits qui
viennent au monde couverts de poils, les yeux ouverts et
immédiatement autonomes, avec la même alimentation que celle des
adultes.