Dans
ce recueil de haïkus ou de quasi-haïkus - cousins proches ou
lointains -, Evin Nore a rassemblé ce qu'il qualifie "d'images
flottées d'images du monde flottant", résultant de ce qui,
selon sa propre définition (non définitive) des haïkus, serait des
"relations concentrées d'événements de la conscience immergée
dans la Nature" ou bien des "condensations d'étonnements à
peine éveillés, paressant encore dans le lit des sens".
Fraîcheurs d'instants, pas encore tannés. Du précipité lent.
Comme un "état
de chose vue revue"
à travers un nouveau filtre. Et en effet, plus on "haïke"
et plus on ricoche en événements d'images, rebonds et miroitements,
ravissements sensoriels. Ailleurs, Evin Nore parle d'une "opération
d'obstétrique nippo-ovidienne", mais on sent bien qu'il n'en
mène pas large et ses explications restent finalement succinctes (on
comprend du reste que gloser d'abondance à propos de la forme
"haïku" en soufflant dans sa corne serait vain).
Le
deuxième ensemble intitulé "Vergers des marges" prolonge
"Like Haïkes" en adoptant une libre disposition spatiale
avec agréments typographiques : "calligrammes-constellations en
jardins-tableaux".
Avec
l'aimable autorisation du poète norvégien japonisant, célèbre
habitant du district de Kautokeimo, votre lièvre
précieux
vous livre quelques extraits de ce recueil revigorant :
La
lune brumeuse
une
grenouille plonge
dans
le ciel
zèbres
en couleurs
sous
l'arc-en-ciel
l'étonnement
du lièvre des neiges
sous
la lune chue
nue
attendre
d'une pomme
la
venue
quand
la lune est à son premier quartier
il
coupe son bois
en
forme de croissant
portes
de la lune
toujours
ouvertes
personne
n'entre
on
n'en sort pas