1/Vasily
Levshin, Vasiliĭ
Levshin ou Vasily Lyovshin (1746-1826)
Newest
Voyage, 1784
Pas
d'accès documentaire direct au texte original russe ni en
traduction.
Bernd
Brunner, dans son livre Moon.
A brief history,
évoque cette œuvre en quelques lignes :
Dans
son utopie « Noveysheye Puteshestviye » (The Newest
Voyage), qui contient le premier voyage à la Lune de la littérature
russe, l'astre est un monde au sein duquel règne une égalité
absolue, sans police ni souverain, où le progrès domine la
tradition, où les habitants se consacrent à des activités
pacifiques comme la culture des champs et l'élevage de moutons.
Paradoxalement, Levshin établit que ses « lunatiques »
sont les seuls êtres sains d'esprit de l'Univers.
2/William
Blake
Une
île sur la Lune, c.1784-1785.
Pierre
Leyris mentionne, dans son Introduction aux Oeuvres de William Blake
(éditions Aubier, 1974) ce « texte lacunaire et inachevé, que
Blake n'a jamais dû destiner qu'au regard de quelques intimes...
[...] Une
île de la Lune,
où "les gens sont si peu différents [des anglais] et leur
langage si pareil qu'on se dirait parmi ses amis", est une
énorme charge du milieu londonien que fréquentait ou qu'entrevoyait
Blake et, à travers lui, des relations entre humains ainsi que des
vices de l'époque. »
3/Anonyme
La
lune comme
elle va, ou Anecdotes intéressantes pour les habitans des contrées
profondes. Ouvrage fort courru dans la Lune, & nouvellement
apporté sur notre globe par un Aëronaute. Trivia,
Veuve Quinteuse, 1785.
Il
s'agit d'un pamphlet contre le comte Pierre-Jean Berthold de Proli,
homme politique belge qui prit une part active dans les événements
de la Révolution française (présenté comme un esthète, raffiné
et cultivé, mais aussi spéculateur, qui fut guillotiné sous la
Convention en 1794). Ce pamphlet est rédigé sous la forme d'une
utopie. Voici un extrait de l'avant-propos :
« J'ai
voyagé sur la lune & j'ai trouvé que ce globe
& le notre semblaient directement faits pour sympathiser
ensemble. Ils ont une parfaite analogie dans le physique & dans
le moral. ---- Il y a sur la lune, comme sur notre globe, des mers,
des détroits, des golfes, des promontoires, des îles, des
presqu’îles, des continents, des montagnes , des volcans, des
fleuves, des rivières, des canaux, &c. ---- Il y a plusieurs
sortes de gouverneurs ; des despotiques, des monarchiques, des
aristocratiques, des démocratiques. Il y en a de mixtes. On y trouve
différents peuples distingués, comme ici, par les couleurs, par les
langues, par les usages, par le plus ou le moins de civilisation.
----- On y fait, comme ici, la paix & la guerre. ---- On y
rencontre comme ici, une infinité de sots, très peu de sages et
beaucoup qui ne sont ni l'un ni l'autre. ---- On y voit les mêmes
degrés dans les arts, dans les sciences, dans l'industrie, dans le
commerce. ---- Il semble que les mêmes personnages, que les mêmes
auteurs aient existé en même temps sur les deux globes, et qu'ils
aient donné les mêmes ouvrages... »
4/Anonyme
La
vision du monde angélique, 1787
Pas
d'accès documentaire autre que cette note lapidaire dans Les
mondes imaginaires
de Camille Flammarion :
« La
Lune serait habitable par des hommes ; mais c’est un petit
terrain couvert de brouillards, et guère plus grand que la province
d’York : ce n’est pas la peine d’en parler. »
5/José
Marchena Ruiz y Cueto, dit Abbé Marchena (Séville 1763 - Madrid 1821)
Discurso
IV : Parábola
sobre la religión
y la política
entre los selenitas, 1787
La
référence est extraite du périodique El
Observador dont
l'auteur fut également le rédacteur. En raison de la nature des
textes publiés dans ce bulletin, qui expriment une étroite adhésion
aux principes philosophiques des Lumières, l'auteur est inquiété
par l'Inquisition et s'exile en France où il vivra en majeure
partie, participant lui aussi aux événements de la Révolution
française.
Homme
politique, écrivain, journaliste et traducteur de Rousseau,
Voltaire, Montesquieu...
Pas
d'accès direct, si ce n'est en bibliothèque espagnole (mais pas de
version numérisée).
6/Mikhail
Chulkov
Le
rêve de Kidal, 1789
Pas
d'accès à l’œuvre disponible. Seul un bref aspect documentaire,
tiré de l'ouvrage de Bernd Brunner : Moon.
A brief history :
Dans
le même esprit que son homologue russe Vasily Levshin, l'auteur
présente la Lune comme un monde utopique où les biens sont partagés
en commun, où les créatures animales comme la vipère, le crocodile
et le tigre vivent en parfaite entente avec l'espèce humaine (vivant
sur la Lune ?) En somme, La Lune est aussi différente de la terre
que l'est le Paradis de l'Enfer. Cela reste un conte, pas un
pamphlet, mais qui reflète sans doute une insatisfaction envers les
autorités et les valeurs dominantes de l'époque.
7/Paul-Philippe
Gudin de la Brenellerie (1738-1820)
De
l’Univers, de la Pluralité des Mondes, de Dieu. Hypothèses (1801)
« Les
habitants de la Lune n’ont aucun besoin de respirer ni de boire.
S’il n’y a pas d’air atmosphérique, les sons ne peuvent s’y
propager. Ces habitants n’ont donc ni oreilles, ni poumons, ni
langues, ni ailes, ni nageoires. Ils ont vraisemblablement des yeux ;
car la Lune est fort éclairée, surtout du côté qui regarde la
Terre. »
Cité
par Camille Flammarion, Les
mondes imaginaires, ch. XI
Malgré
mes efforts, je n'ai pas retrouvé trace de cet ouvrage pour le moins
ambitieux, cité par Camille Flammarion. Gudin de la Brenellerie,
auteur dramatique français, est surtout connu pour avoir été
l'ami, l'éditeur et l'historiographe de Beaumarchais. Il a écrit un
Supplément
au Contrat
social
de Jean-Jacques Rousseau et la plupart de ses œuvres se trouvent à
la BNF, dont un Traité
d'astronomie
écrit en alexandrins !
7/Antonio
Marqués y Espejo (1762-?)
Viage
de un filósofo
a Selenópolis,
1804
Il
s'agit d'une traduction et adaptation de l'ouvrage de M. de Listonai,
pseudonyme de Daniel-Jost de Villeneuve (17..-17..) : Le
voyageur philosophe dans un pays inconnu aux habitants de la Terre,
publié en 1761 et référencé.
Nota : Le Lièvre lunaire regrette que ce supplément soit resté aussi lacunaire. Les références y sont, mais les textes manquent, soit dans l'accès aux oeuvres originales, soit dans leur possible traduction. Cette anthologie des voyages lunaires est cependant appelé à évoluer et, à ce sujet, tout effort de participation est bienvenu.