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Pierre Boulle (1912-1994)
Les Luniens, nouvelle (in E=MC2), 1957
Le jardin de Kanashima, 1964
Quand le premier V2 s'élança dans le ciel, en 1942, l'état-major allemand ne pensait qu'à le faire retomber sur une ville anglaise alors que son inventeur, le savant Von Schwartz, ne rêvait que de le maintenir sur son orbite. Viennent la fin des hostilités et le début de la compétition interplanétaire. L'équipe de Von Schwartz a essaimé et, chacun de ses membres, au service du pays qui l'emploie, reprend la grande idée initiale : mettre le pied sur la lune. Mais le tout n'est pas d'y aller, il faut en revenir. Ce sont les Japonais qui trouvent les premiers la solution au problème grâce au Docteur Kanashima, responsable du programme spatial de son pays. Notons que dans l’action de ce roman, l’alunissage se produit en 1970.
Le roman de Pierre Boulle s’appuie en partie sur des faits réels, notamment sur la confrontation russo-américaine de l’époque : le lancement du premier satellite Sputnik en octobre 1957 fut vécu comme un véritable traumatisme par les États-Unis. Il prouvait, selon eux, que les Soviétiques possédaient la technologie pour envoyer un missile nucléaire sur le continent américain. Si le lancement de ce satellite (sphère de 58 cm de diamètre, pesant 83,6 kg) apparut comme un simple évènement, il a marqué le début de la course entre les États-Unis et l'URSS pour la conquête de l'espace.
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Clifford Donald Simak (1904-1988)
Les épaves de Tycho (The Trouble with Tycho), nouvelle, 1961
Clifford D. Simak fut instituteur puis journaliste, avant de se tourner vers l’écriture. Comme beaucoup d’autres auteurs américains de science-fiction, il commença à publier des nouvelles dans les pulps magazines.
Les épaves de Tycho est l’une des trois nouvelles réunies dans ce livre éponyme :
Petit prospecteur lunaire, Chris Jackson rêve à l'uranium, aux diamants qu'il découvrirait sans doute s'il pouvait descendre dans le cratère éteint du volcan Tycho — lieu tabou, lieu interdit depuis que trois expéditions y ont disparu sans laisser de trace. En compagnie de l'intrépide Amelia Thompson, Chris Jackson va transgresser la loi. Mais tandis qu'ils descendent en tracteur les trois cents mètres de parois abruptes, d'étranges phénomènes se produisent : des essaims de clèbes* étincelantes les harcèlent, un nuage de lumière insoutenable roule au-dessus d'eux. Et soudain un éclair de feu grille tous les circuits de leur véhicule. Ils veulent fuir à pied quand un diamant monstrueux se forme sous leurs yeux et leur barre le passage...
Quatrième de couverture à l’édition française, J’ai lu SF, 1978
* Qui saurait me dire ce que sont ces clèbes ?…
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René Barjavel (1911-1985)
Colomb de la lune, 1962
Le roman Colomb de la lune n’est pas, selon son auteur, à proprement parler un roman de science-fiction. Il s’agit bien d’un voyage vers la Lune, mais il n’y a pas de monstres extravagants ou d’extra-terrestres. Il raconte l’histoire de Colomb, au nom évocateur, dont il souligne d’emblée le caractère universel.
Parodiant les missions Apollo, il imagine que Colomb est envoyé sur la Lune à partir d’une base spatiale installée au Mont Ventoux. Et ce, alors même qu’aucun homme n’a encore marché sur la Lune ! Mais il s’agit surtout de l’aventure personnelle de Colomb, et le voyage qu’il effectue est en fait un voyage au bout de lui-même et de ses rêves, au sein d’une fusée-œuf qui symboliserait le ventre maternel.
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Italo Calvino (1923-1985)
Cosmiscomics (Le Cosmicomiche), 1963
Composé de douze récits, Le Cosmicomiche s’ouvre avec le texte intitulé La distance de la lune où nous faisons connaissance avec son narrateur Qfwfq, qui est vieux comme le monde et en connaît donc toute l’histoire. Avec sa fantaisie habituelle, appuyée par une intelligence remarquable, Italo Calvino nous conte la naissance et la formation de l’univers, jongle avec les concepts…En ce qui concerne la Lune, Qfwfq nous parle d’un temps très ancien où celle-ci était encore très proche de la terre, à tel point qu’il suffisait d’y aller en barque et d’y appuyer une échelle à crampons pour y monter :
"L’endroit où la Lune passait au plus près se trouvait au large des écueils de Zinc. Nous y allions dans ces petites barques avec des rames dont on se servait alors, rondes et plates, faites en liège. On y tenait à plusieurs : le capitaine Vhd Vhd, sa femme, mon cousin sourd, et moi-même, et aussi quelquefois la petite Xlthlx qui devait avoir à l’époque environ douze ans. Ces nuits-là, l’eau était parfaitement calme, et argentée, on aurait dit du mercure, et dedans les poissons étaient violets, et, ne pouvant résister à l’attraction de la Lune, ils venaient tous à la surface, ainsi que les poulpes et méduses couleur safran. Il y avait toujours un nuage de menues bestioles — des petits crabes, des calmars, et aussi des algues légères et diaphanes et des larmes de corail — qui se détachaient de la mer et finissaient dans la Lune, suspendues à ce plafond calciné, ou bien qui restaient en l’air à mi-chemin, en une nuée phosphorescente, et que nous écartions en agitant des feuilles de bananier."
Toute cette partie concernant la Lune nous fait reconsidérer les récits souvent graves (ou involontairement comiques) des époques antérieures. Italo Calvino adopte ici un ton qui renoue avec une littérature très ancienne, d’une imagination et poésie plaisantes à ravir, tout en faisant preuve de modernité. Un livre que le lièvre ne peut que vous conseiller ! Au passage, j’adresse un vif remerciement à Aldebarande qui m’a rappelé ce titre, que j’ai exhumé de mes rayonnages.
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Robert Anson Heinlein (1907-1988)
L’homme qui vendit la lune, 1950 nouvelle (in Histoire du futur I)
Révolte sur la lune (The moon is a harsh mistress), 1966
Heinlein est l’un des pères de la science-fiction moderne et, à ce titre, aurait pu figurer plus en amont de cette sélection : son premier texte dans ce genre remonte à 1939 (publié dans Astounding Science-Fiction de l’éditeur John W. Campbell en 1941) et il participe activement à la création du film Destination... Moon ! réalisé par Irving Pichel en 1950, adapté de l’un de ses romans, projet que Fritz Lang avait d’abord engagé en collaboration avec l’écrivain. Un cratère lunaire porte le nom d’un personnage de ses livres.
Quoi qu’il en soit, son roman Révolte sur la lune qui nous sert de référence le fait entrer ici, en fin d’anthologie. Mais réflexion faite, le sujet de la colonisation de la Lune, en dehors de toute autre considération sur l’avenir de celle-ci, nous paraît en adéquation avec la réalité :
En 2075, la Lune est un front pionnier peuplé de déportés et surtout de descendants de déportés. La vie est rude, mais il y a du travail pour tout le monde. La supériorité numérique des hommes sur les femmes (deux pour une) a suscité la création d'une société où la polyandrie est la norme. L'Autorité Lunaire gouverne ces colonies par l'intermédiaire d'un « Gardien » doté d'une force de police très réduite. Il intervient en fait que très peu dans les affaires d'une colonie dont la seule obligation est de catapulter, jour après jour, une partie de sa production agricole à une Terre surpeuplée.
< 62 Apollo 11, 1969
L’empreinte de l’homme sur la lune marque symboliquement la fin de nos voyages lunaires. En revanche, cette présence attestée de l’homme sur la lune (que de rares terriens persistent à mettre en doute) relance les conjectures liées à la colonisation de l’astre, dont les projets de construction de stations spatiales, plusieurs fois abandonnés ou reportés. Toutefois, les États-Unis ont annoncé par la voix de la NASA la reprise des vols habités et se montre favorable à une coopération internationale pour une installation durable sur la lune. En premier lieu, on s’intéresse à l’exploitation de certaines ressources présentes en abondance sur la Lune, comme l’helium-3. Par ailleurs, l’implantation d’une base lunaire servirait de poste avancé pour partir à la conquête d’autres régions de notre système solaire. D'ici 2025, on pense que cette base sera de taille significative, capable de soutenir 4 personnes.
Avec ce programme, une nouvelle ère s’ouvre donc pour la Lune, qu’il ne m’appartient pas de prophétiser (sauf à être la proie de nouveaux chasseurs !) À ce stade de l’évolution, votre lièvre précieux, indigène non encore colonisé, rejoint donc discrètement son terrier afin d’établir une version finale, étendue, revue et corrigée des Voyages lunaires et de leurs conjectures. L’affaire reste à suivre…