Ce
voyage dans la lune, écrit et dessiné par Cham (1818-1879), raconte
l’histoire de M. Nubis, personnage-type du bourgeois du XIXe
siècle, qui se prépare à partir en aérostat. La foule assiste à
l'envol de l'audacieux voyageur, dont le départ manque cependant de
brio : en effet, le décollage s'effectue alors qu'il a eu à peine
le temps de se hisser dans la nacelle. Sans autre complication, le
ballon et son passager s'élèvent ensuite rapidement dans les airs
jusqu’à atteindre la Lune.
Cham
adapte alors le langage aux circonstances : c'est ainsi que M. Nubis
« prend lune avec ses provisions » ; plus tard, il
« tombe à lune » puis mange des « pommes de lune
frites ». Nubis rencontre les Luniens, qui sont habillés de
blanc, ont une face rubiconde pourvue d'un œil unique. Pour se
conformer à cette particularité et partir à la découverte de la
Lune et de ses habitants, M. Nubis cache l’un de ses yeux au
moyen d’un bandeau.
L’endroit
se révèle assez invivable, c'est le moins qu'on puisse dire
puisqu'il y fait très chaud le jour (3000 degrés au-dessus de zéro)
et glacial la nuit (3000 au-dessous de zéro). Les journées ne
comptent pas moins de 696 heures et les mœurs des Luniens étonnent :
pour payer une marchandise ou un service, on botte les fesses du
fournisseur.
A
la suite de malencontreuses initiatives, M. Nubis est arrêté,
conduit au tribunal et jugé. Pour se tirer de cette dangereuse
affaire, il ôte son bandeau en plein prétoire, jetant l'effroi
parmi les Luniens ; profitant alors de la situation, notre héros
s’enfuit, quitte la Lune en sautant dans le vide, suspendu à un
mouchoir de poche... Malheureusement, l’histoire s’arrête ici
brusquement, en pleine action, sans que nous puissions connaître les
motifs de cet abandon.
Nubis,
Voyage dans la Lune,
qui se trouvait dans la succession d’un descendant de Cham, a été
acquis en 2006 par le Musée
de la Cité Internationale de la bande dessinée et de l’image,
à Angoulême : non daté, non publié, ce récit se présente sous
la forme d'un cahier cartonné/broché de vingt planches aquarellées.
Dans sa présentation le CIBDI signale que le texte sous l'image est
rapidement griffonné, parfois raturé. On y décèle l'influence du
dessinateur suisse Rodolphe Töpffer, tant dans le genre que dans la
forme du récit, de l'homme du commun emporté dans des aventures
singulières dont il est le jouet.
Deuxième
fils d’un pair de France, Cham est reconnu aujourd'hui comme l’un
des grands dessinateurs de presse et caricaturistes de la seconde
moitié du XIXe siècle, mais il fut de 1839 à 1843 le précurseur
de la bande dessinée en France, publiant plusieurs albums (Histoire
de Monsieur Lajaunisse,
Aventures
de Télémaque, fils d’Ulysse…)
À partir de 1843 et pour plus de trois décennies, il devient
caricaturiste pour Le
Charivari
puis L’Illustration.
Cham meurt de phtisie à 61 ans, la même année que Daumier, qui
était de dix ans son aîné.
Pour
en savoir toujours +
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Si vous souhaitez adresser quelques carottes au LL ou au contraire, lui donner un coup de bâton sur le râble, ce formulaire vous est dans les deux cas destiné :