La
poésie, ce sont des courts-circuits de sens qui se produisent entre
les mots, c'est un brusque jaillissement de mythes primitifs.
[…]
La fonction la plus primitive de l'esprit est la création de contes,
« d'histoires »
[…]
La poésie reconnaît le sens perdu, elle restitue aux mots leur
place, les relie selon certaines significations. Manié par un poète,
le verbe reprend conscience, si l'on peut dire, de son sens premier,
il s'épanouit spontanément selon ses propres lois, il recouvre son
intégralité. Voilà pourquoi toute poésie est création de
mythologie, tend à recréer les mythes du monde.
(…)
La poésie atteint le sens du monde par déduction, par anticipation,
à partir de grands raccourcis et d'audacieux rapprochements (…)
Infatigablement, l'esprit humain ajoute à la vie ses gloses – des
mythes -, infatigablement il cherche à « conférer un sens »
à la réalité. (…) Conférer un sens au monde est une fonction
indissociable du mot. (…) Le poète rend aux mots leur vertu de
corps conducteurs, en créant des accumulations où naissent des
tensions nouvelles.
La
mythification de la réalité (Les boutiques de cannelle), Bruno
Schulz
traduction
de Thérèse Douchy
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Si vous souhaitez adresser quelques carottes au LL ou au contraire, lui donner un coup de bâton sur le râble, ce formulaire vous est dans les deux cas destiné :