1/
José Daniel Rodrigues Da Costa
(1757-1832)
O
Balăo,
aos habitantes de lua - poema heroi-comico en hum só
canto, 1819 (Portugal)
Non
traduit du portugais (impossible pour moi !) Si cela tente quelqu'un,
j'ai le texte original (14p.)
2/
C.-J. Rougemaître
La
Lune ou le pays des Coqs. Histoire merveilleuse, incroyable et
véridique, contenant les principaux traits de la vie de PÉLICAN
XXXI, papa des Coqs, et de CASOAR, son mignon – par un homme qui a
voyagé dans la lune, 1819.
Au
cours d'une promenade au bois de Boulogne, le personnage se repose
sous un chêne et tandis qu'il entreprend la lecture de l'Arioste
(dont l'histoire est en grande partie un décalque), il s'endort. À
son réveil, il découvre un cheval « de la plus grande
beauté ». Il monte ce cheval qui, déployant ses ailes –
c'est l'hippogriffe du Roland
furieux –,
l'emporte au-dessus des tours de Notre-Dame. Il atteint la lune
rapidement et après avoir touché le sol, le cheval reprend son
essor puis disparaît.
Alors
qu'il déplore sa solitude, des voix lui répondent et il constate la
présence en ces lieux de deux personnes : Mme
J'te souffle,
une jeune femme de 17 à 18 ans, au caractère « enjoué, vive,
folâtre » mais qui vient du fond des âges : « Mme
J'te souffle date de loin. Elle accompagnait Venus au conseil des
dieux ; elle conduisit Énée et Télémaque aux enfers […] Sa
science est inépuisable, son pouvoir infini. » Bref, c'est une
« grande magicienne » ; son compagnon, M.
J'rabâche
est présenté plus sommairement, en résumé c'est un « vieux
radoteur ».
Le
héros se rend à Grand-Poulailler,
capitale du pays des Coqs. Mme
J'te souffle
l'informe qu'il se trouve parmi « des êtres qui ne sont
pas encore
de notre espèce et lui remet un anneau qui lui permettra de
comprendre les Lunains et de parler leur langage. Sa première
constatation concerne l'environnement lunaire : « Je me
serais cru sur la Terre, en France, dans les environs de Paris
même ». Les arbres et l'herbe sont seulement d'une couleur qui
tire sur le jaune. La végétation est plus petite, proportionnée
aux Lunains.
À
mi-distance de la terre et de la Lune se trouve une planète où
« naissent, vivent et meurent de petits animaux destinés à
devenir dans la suite des temps des hommes, puis des esprits parfaits
et heureux, ou condamnés à traîner éternellement un corps qu'ils
ont trop chéri. Après leur vie, ces jeunes âmes sont reléguées
dans la Lune, où elles reçoivent chacune un corps plus commode que
le premier, mais moins commode encore que celui qu'elles doivent
recevoir plus tard sur la terre ».
« La
Lune est le berceau des habitants de la terre, ou pour mieux dire des
hommes ». Les « lunains » ne sont ni des hommes ni
des femmes, mais il en ressort qu'ils furent auparavant humains, mais
que ces derniers n'en conservent pas le souvenir, sinon vague,
inconscient dans ses phénomènes d'attirance et de répulsion. Il
est précisé que cette antémémoire « nuirait au progrès de
leur perfectibilité ». L'humain ne « fait qu'ébaucher
son éducation dans la Lune ». La terre est « le
purgatoire des habitants de la Lune. » (Lunaison VIII) « Les
fautes commises sur la Lune sont expiées sur la terre ». Les
lunaines, femelles de la Lune, ont un solide appétit sexuel et « se
croiraient extrêmement malheureuses, si elles étaient contraintes
de s'en tenir à un seul mâle ».
Il
existe également une espèce d'êtres assez singuliers : ce
sont des animaux qui se croient nés pour réformer tout le genre
lunain ». Ces individus définis comme des « brailleurs
politiques » ont pour punition de gouverner sur terre après
leur mort lunaire : « ils occupent un trône, ou une charge
subalterne ; les plus coupables sont condamnés à porter le
titre d'empereur, de roi...
Grand-Poulailler,
la capitale lunaire dégage, comme son nom l'indique, une odeur
insupportable de de basse-cour. En résumé, elle est le reflet des
jeux de pouvoir qui s'exercent sur la Terre. Ce qui est plus original
tient à la division quadripartite de la surface de la Lune :
La
chimérique,
qui tirent son nom des habitants qui l'occupent, lesquels ne cessent
de courir après des chimères, dédaignant les biens matériels ;
La
scientifique,
partie lunaire qui a vu « germer et fructifier la science » ;
La
rubrique,
ainsi nommée en raison de la rougeur de ses habitants, soumis à une
chaleur excessive du climat ;
La
diabolique,
d'où sont envoyés une « multitude d'énormes paquets
étiquetés : plaisir
et volupté ;
mais, quand on ouvre les ballots, on y trouve ordinairement, la
peste et la mort.
Le
pays des Coqs se trouve dans la partie chimérique. Les Lunains ont
une apparence mi-humaine mi animale et chacun a une ressemblance
sensible avec telle ou telle espèce, mais le premier des êtres
lunaires est le pélican. L'inscription Pélican XXX,
papa des Coqs
renvoie au « chef de la société » ainsi qu'au « père
commun à tous les êtres ».
À
ce propos, un fait d'histoire du pays des Coqs entraîna le plus
grand désordre :
Une
petite brèche s'était formée dans le grand bâtiment de la
Pélicanie.
Un mauvais génie nommé Brouilletout
se présenta comme maître-maçon pour en faire la réparation, mais
ne fit qu'aggraver la situation. Son but étant de ruiner l'édifice,
il fit venir quantité de « gâcheurs maladroits » et
avec leur aide, réussit à attirer la volaille,
tous ces Coqs jaloux du pouvoir des Coqs huppés qui assuraient la
paix dans la palais de Pélicanie. On nous fait remarquer que « la
volaille
crottée
avait pour elle le nombre ». Face au péril, les Coqs huppés,
après avoir sacrifié leurs huppes, allèrent se réfugier « dans
le pays des lions, sur les bords de la grande rivière verte» et
d'organiser la lutte pour revenir et « renvoyer à coups de
fouet la volaille crottée sur ses fumiers ». Les
« gâcheurs-démolisseurs » se dirent bon débarras, mais
quand ils s'aperçurent que les Coqs de haut ramage s'étaient enfuis
avec leurs coquilles tant convoitées (c'est-à-dire leur argent),
une folle colère s'empara d'eux et ce qui devait arriver arriva :
«
Ils
firent écrouler le grand bâtiment sur le pélican, ils poussèrent
d'horribles cris de joie en le voyant écrasé. Son sang rejaillit
jusqu'au ciel, il couvrit toute la Lune et la plongea dans les
ténèbres. »
Une
grave crise sociale et économique s'ensuivit, qui commença par
l'inflation monétaire due à la raréfaction des coquilles,
remplacées par de mauvaises feuilles dévaluées. Tous les Coqs
furent soupçonnés de cacher ses coquilles et « le nombre des
fessés égala bientôt celui des fesseurs ». Une machine à
fessées fut d'ailleurs inventée, qui permettait de fustiger cent
Coqs à la fois. Autrefois heureux sous l'autorité du papa pélican,
le pays des Coqs fut à présent gouverné par un monstre à
trente-six têtes, « que le mauvais génie Brouilletout avait
fait éclore d'un amas de fumier ». L'état de confusion était
tel que la folie fut érigée en vertu. La maxime principale devint :
la
folie ou le fouet.
À
force de révolte et contre-révolte, l'un des enfants de
Brouilletout, appelé Sans-nom
prit le pouvoir et réussit par la force à soumettre tout les
peuples de la Lune. Sans-nom
avait cependant un vieux complexe, celui d'être de petite taille.
Mais enfin, les peuples de la Lune s'avancèrent en cohortes
innombrables pour détrôner et fustiger Sans-nom
à son tour puis réclamer le retour du Pélican.
Mais le génie Brouilletout
parvient, avec l'aide de la fée Carnassière,
de le tirer d'affaire en le transportant dans le palais de fer de
l'île des Taupes.
Pélican
XXXI
monta alors sur le siège rendu vacant de ses parents : la paix
fut faite et tous les coqs devinrent comme « des coqs en
pâte ». Toutefois, Brouilletout
et Carnassière
vinrent à nouveau semer le trouble. Puis la paix revint, etc. Les
aventures continuent, et nous n'en sommes qu'à la moitié de
l'ouvrage ! Le
pays des Coqs
est un pamphlet ultraroyaliste (mouvance dont le principe commun est
la fidélité aux souverains de la dynastie capétienne, en même
temps qu'elle défend un système monarchique qui s'appuie sur la
noblesse). Cette satire est spécialement dirigée contre la personne
du duc Élie Decazes, favori du roi Louis XVIII et nommé par
celui-ci préfet de police de Paris en 1815.
3/
José del Castillo y Mayone
Viage
somniaéreo a la luna, o Zulema y Lambert, Barcelone, 1832
Ce
livre de Joaquín del Castillo y Mayone figure comme l'un des
premiers romans de science-fiction, parmi cinq œuvres espagnoles
connues du XIXe siècle qui traitent d'un voyage dans l’espace. Le
héros du livre, l'algérien Ismaël embarque dans une montgolfière,
à la poursuite de sa fille Zulema qui a fui sur la Lune, enlevée
par son amant, le français Lambert. Au cours de son vol, Ismaël
s'endort et rêve qu'il atteint la Lune, où il retrouve finalement
Zulema et Lambert après de nombreuses péripéties...
Le
roman commence en Espagne et plus précisément dans la propriété
d’un certain Torcuato, située à l'extérieur de Cordoue. C'est là
que celui-ci rencontre Ismaël, après l'avoir sauvé de la noyade
dans les eaux troubles du Guadalquivir. Une fois remis de ses
émotions, l'Algérien explique à Don Torcuato une étrange histoire
à propos de sa fille enlevée par un soldat français et de son
voyage sur la lune à la recherche du couple fugitif. D'après son
récit, Ismaël est un pauvre homme, poursuivi par le malheur. Il a
d'abord perdu son fils aîné, qui a été recruté par les Turcs
pour combattre les Russes et n'est jamais revenu. Plus tard, sa fille
est partie avec un marin français qu'Ismaël avait lui-même sauvé
de la noyade après le naufrage de son navire, près de sa maison.
Comme Ismaël n’approuvait pas le mariage en raison de la
différence de religion entre les époux, les deux amants décidèrent
de s’enfuir en ballon vers la Lune et le lui firent savoir par une
lettre d’adieu. Mais Ismaël, insatisfait de la perte de sa fille,
partit à sa recherche à bord d'une autre montgolfière. C'est là
que commence la partie science-fiction de l’histoire, avec Ismaël
s’endormant dans le ballon au milieu de l'ascension et rêvant de
son arrivée sur la lune. Dans le rêve, les habitants de la lune
l'emmènent au "dépôt des raretés" pour passer, plus
tard, par les hémisphères de la "tranquillité" et de
"l'intrigue" où il retrouve finalement sa fille même s'il
ne peut la ramener sur Terre.
Sur
la description du « dépôt de raretés », je dois dire que c'est
une des premières descriptions d'extraterrestres dans le roman
européen du XIXe siècle. D'après ce qu'il raconte, cet endroit est
une sorte de zoo où les Luniens amènent (par paires) les visiteurs
d'autres planètes pour qu'ils se reproduisent entre eux. Il y a les
Mercuriens (Mercure), les Martiens (Mars), les Vénusiens (Vénus),
les Jupitériens (Jupiter), les Saturniens (Saturne) et les Uraniens
(Uranus). Tous plus étranges les uns que les autres. Pour donner un
exemple, Il décrit les Mercuriens comme des êtres craintifs qui
sont toujours effrayés et possèdent un sac (du côté du cœur)
qu'ils serrent d'une main et couvrent avec l'autre, pour on ne sait
quelle raison.
Finalement,
et juste quand il vient de retrouver sa fille Zulema, Lambert le
renvoie sur terre, tomber dans les eaux du Guadalquivir, d'où le
sauve Don Torcuato. Celui-ci, abasourdi par tout ce que lui raconte
Ismaël, commence par lui faire comprendre que rien de tout cela
n'est possible et qu'il ne peut que l'avoir rêvé. Il semble que le
récit tourne en boucle... Mais au final, alors qu'Ismaël est déjà
pleinement convaincu que tout n'a été qu'un rêve, Don Torcuato
reçoit la visite d'un ami (Don Emeterio) qui leur raconte quelque
chose d'étonnant. Le fait est qu’à son retour d’un voyage à
Constantinople, il accompagnait un Algérien, qui avait pris part à
la guerre entre Turcs et Russes et qui, en rentrant chez lui, avait
retrouvé la maison familiale vide. D'après ce que lui dirent les
serviteurs, sa sœur et son père partirent chacun dans un ballon et
ne revinrent jamais. En entendant cela, le pauvre Ismaël est
abasourdi et il décide de rentrer dans son pays dès que possible.
Mais avant qu'il ne puisse le faire, Don Emeterio apparaît à
nouveau avec encore plus de surprises. Cette fois-ci, il est avec un
couple de naufragés qu'il vient de sauver. Le fait est que le
naufragé leur dit qu'une fois il avait lâché un ballon sans
passagers pour faire croire au père de son amante qu'ils s'étaient
enfui avec. Et ensuite ils s'en furent à pied. Cet homme s'est avéré
être le fils d'un homme nommé Lambert qui a épousé la sœur de
Don Torcuato, Mme Leonor Carbajal et Chaves.
L’histoire
se termine bien, avec Ismaël remettant la dot à sa fille avant de
rentrer à Alger, tandis que Zulema et Lambert restent à Grenade,
heureux. Depuis qu’elle s’est convertie au christianisme, elle ne
peut pas (et ne veut pas) retourner dans son pays.
Source
internet
rabsenta.blogspot.com/2012/07/el-dia-que-descubri-joaquin-del.html
historiadora
del arte, miembro del colectivo Cazadores de Hermes de Barcelona y
madre responsable tanto de La Barcelona d'Hermes (Albertí, 2016)
como del Anecdotario de Barcelona (Comanegra, 2016). Este último
junto a Pep Brocal.
Traduit
de l'espagnol par Pierre Bouvier
4/
Jacques BOUCHER DE CREVECOEUR, dit DE PERTHES (1788-1868)
Les
trois songes – Mazular, 3e partie, 1832
Né
à Perthes, près de Rethel (Ardennes), l'auteur est surtout connu et
reconnu comme l'un des fondateurs de la science préhistorique (il y
a un musée à son nom à Abbeville)
Un
cordonnier nommé Mazular rencontre un de ses amis qui l'invite au
cabaret au joyeux motif que sa femme vient de décéder subitement.
Après un dîner copieux, Mazular s'endort. « À
peine avait-il fermé les yeux qu'un animal hideux apparut devant lui
et vint s'étendre sur sa poitrine ; il voulut crier, mais le monstre
qui l'oppressait l'en empêcha, et, le saisissant avec une force
invincible, il perça le toit de la maison, l'enleva dans les
airs »...
Mazular
se retrouve dans un marais immense, « rempli de serpents, de
lions et de tigres ». Pour leur échapper, Mazular choisit de
monter à un arbre, mais « tout à coup l'arbre disparut, et
Mazular tomba ; le marais ayant disparu aussi, le pauvre homme ne sut
plus ou poser le pied : il vit une masse qu'il crut solide ; il sauta
dessus : c'était un nuage; il passa tout à travers, et il commença
à rouler avec une si grande rapidité, qu'il pouvait à peine
respirer ; il lui sembla qu'il descendait ainsi pendant quinze jours
et quinze nuits ; enfin, il distingua quelque chose de rond et de
brillant, où il fut jeté avec un choc terrible : c'était la
Lune ».
Voilà
qui commence comme une fatrasie ! Reprenant
ses esprits, il se voit entouré d'êtres qui n'ont « qu'une
jambe, qu'un bras, qu'un œil, qu'une oreille, et pas de nez ».
D'abord effrayé, il s'aperçoit que ces créatures le sont autant
que lui alors il se calme. Sa tête ayant heurté une citrouille, il
leur demande de lui procurer un vulnéraire mais croyant que l'homme
leur réclame à manger, on lui ramène un quartier de chevreuil que
Mazular refuse poliment. Finalement, les « lunains »
constatent sa blessure sur laquelle ils prennent soin d'appliquer
« un emplâtre de poix de Bourgogne » et à la suite de
ces bons traitements, Mazular se relève tout à fait rassuré.
« Dès
qu'ils le virent remuer deux bras, rouler deux yeux et marcher sur
deux jambes, ils furent saisis d'un accès d'hilarité tel, et
poussèrent des éclats de rire si forts, que le bruit en ressemblait
à un grand ouragan. Bientôt la nouvelle se répandit dans la Lune
qu'il y était arrivé un être double, et l'on accourut de tous les
départements, de tous les cantons, de tous les arrondissements pour
le voir ». Mazular leur dit que dans son monde tout le monde
était comme lui, ce qui fut considéré comme un honteux mensonge :
« on le condamna à faire réparation honorable, la corde au
cou, devant le palais de l'institut de la Lune, pour avoir manqué
aux savants ».
Malgré
cet incident, Mazular se trouvait plutôt bien sur la Lune. « Comme
les habitants n'avaient que seize dents et la moitié d'un corps à
nourrir, les vivres y étaient à bon compte ; l'on y avait une dinde
aux truffes pour trente sols, et un baril de vin vieux pour trois
francs, quand on pouvait frauder l'octroi ». Et puis Mazular
reprit son activité terrestre de cordonnerie, mais ne faisant bien
sûr qu'une chaussure à la fois. Il apprit la langue du pays, ce qui
était finalement assez simple : « Ces gens ne
connaissaient que neuf lettres, et l'alphabet finissait à i
[…] en revanche, ils avaient le double de nos maladies, ce qui
provenait peut-être de ce qu'ils avaient le double de médecins.
Quoi qu'il en soit, ils aimaient la danse ; ils se mettaient deux
pour battre un entrechat, et quatre pour danser un pas de deux. Les
journaux n'avaient qu'un feuillet, aussi il n'y avait qu'un éditeur
responsable pour deux journaux. Les quadrupèdes n'avaient que deux
pattes ; les colonels ne portaient qu'une épaulette ; les docteurs
qu'un demi-bonnet, et chacun ne disait que la moitié de la vérité ».
Sur
la Lune, la mesure du temps était également divisée de moitié :
« les
années n'ont que six mois ; les mois quinze jours ; les jours douze
heures, et les heures trente minutes.
Après
plusieurs années, Mazular avait fait sa fortune et s'ennuyait
quelque peu. Un dimanche, « comme il sortait de l'office »
(on peut donc croire que les « lunains » étaient pieux),
alors qu'il s'était « un peu trop avancé au bord de la Lune
pour savoir ce qu'il y avait dessous, le pied lui glissa ; il tomba
sur une comète qui passait en ce moment ; il voulut se retenir à la
chevelure, mais elle lui resta dans la main : elle lui fut néanmoins
d'une grande utilité, car lui servant de parachute, il arriva tout
doucement et se trouva sur le pôle arctique : où il serait mort de
misère, s'il n'avait aperçu un ours blanc sur lequel il monta ; cet
animal le conduisit droit à la Nouvelle-Hollande. Là, les naturels
étaient entièrement nus, à l'exception du visage, qu'ils cachaient
avec une feuille de vigne. Dès qu'ils virent Mazular, ils
prétendirent le manger, lui et son ours blanc. Déjà la marmite
était au feu, quand des faiseurs de découvertes débarquèrent ;
les sauvages s'en allèrent si vite qu'ils abandonnèrent leur
batterie de cuisine ; Mazular resta avec son ours blanc ; les
voyageurs embarquèrent l'un et l'autre ; ils empaillèrent l'ours
blanc pour sa commodité ou celle de l'équipage, et firent faire à
Mazular deux ou trois fois le tour du monde ». Mazular, de
retour sur Terre, y continue ses aventures...
5/
Jules
Fleuret
Un
Complot dans la Lune,
1839
Dialogue
entre deux personnes au sujet d'un prétendu complot des anarchistes
Séléniens contre le gouvernement en place à l'époque : les
habitants de la lune ne songent guère à notre système. Si nous
savons qu'ils existent, savent-ils, eux, que nous vivons au
dix-neuvième siècle, sous le gouvernement de Juillet, que nous
sommes complètement régénérés et que nous marchons d'un pas
ferme et rapide dans la voie des améliorations, le savent-ils ? je
vous le demande.
Selon
toute probabilité, l'ouvrage ne décrit pas de voyage à la lune,
mais je n'en sais pas plus, ni sur l'ouvrage ni sur l'auteur...