Né en 1874, mort à Paris en 1933, Gaston de Pawlowski fut à son époque un personnage très connu de la vie littéraire française. S’il publie peu en volumes, c’est un éclectique qui prend intérêt à tout, signant quantité d’articles de toute nature pour différents journaux, autant sportifs que littéraires (c’est un grand amateur de vélo, un goût qui le rapproche d’Alfred Jarry, son contemporain, et plus tard de Charles-Albert Cingria, autre écrivain curieux et buissonnier). Collaborateur des plus grands quotidiens de l’époque, Pawlowski est surtout connu par son livre Voyage au pays de la quatrième dimension (1912, 1923, réédition Images modernes en 2004). Ses Inventions, réunies pour la première fois de son vivant en 1916, sont de courts textes qui, sur le ton de l’humour, passent en revue les évolutions de la société moderne avec une mise à distance ironique qui en fait tout son charme. Comme l’écrit Éric Walbecq, dans sa préface au livre : ce qui sauve Pawlowski, c’est ce mélange d’humour et de spéculation scientifique qui le relie à l’école humoriste de la fin du XIXe siècle (Alphonse Allais, Willy, Félix Fénéon, l’esprit du Chat noir)) mais qui préfigure les milieux avant-gardistes (Marcel Duchamp s’est dit influencé autant par le Voyage que par les Inventions de Pawlowski).
Dès le début de l’ouvrage, Gaston de Pawlowski signale une invention modeste, sans prétentions, mais utile : >le nouveau savon antidérapant garni de clous et, plus loin, nous fait part d’une autre invention : le nouveau boomerang français, dont le bois est taillé de telle sorte que l’instrument une fois jeté sur l’adversaire, ne revient pas à celui qui l’a lancé, précisant si besoin est qu’on évite ainsi tout risque d’accident.
Mais l’occasion est donnée ici, dans le contexte de ce blog d’inspiration cuniculaire, de fournir un extrait adapté :
Les chasseurs s’intéressent, un peu partout, à un nouvel appât qu’annoncent certains catalogues d’armuriers sous ce nom : perles pour lièvres.
Il s’agit d’une petite perle en imitation, que l’on place dans les clairières et qui évoque par la forme, sinon par la couleur, l’aspect des sous-produits du lapin. Le lièvre, étonné par ces petites boules nacrées qu’il ne connaît pas, s’arrête, regarde, flaire, et rien n’est plus facile que de le tirer à ce moment-là.
Pawlowski se lance ensuite dans une digression cocasse, notant qu’il ne faut pas confondre la perle pour lièvres avec la moule perlière, qui produit les perles moulières, ainsi que les poules merlières dont il a parlé précédemment, et savoir aussi distinguer les moules merlières, imitant l’ocarina, des poules perlières qui servent en qualité de poules moulières…
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