La symbolique, pas plus que les croyances populaires, ne font de différence entre le lièvre et le lapin. Pour certaines civilisations anciennes, le lièvre était un « animal de la lune » car les taches sombres que l’on peut voir sur le disque lunaire ressemblent à un lièvre en pleine course.

Encyclopédie des symboles (sous la direction de Michel Cazenave, La Pochothèque,1996)


auteur-éditeur : www.remy-leboissetier.fr

mercredi 30 mai 2012

Chandra [Inde]

La lune, qui est également le dieu du Temps (Chandra), est appelé Maha Kala, parce qu'il a créé l'éternité. Il est considéré comme le Dieu qui contrôle le facteur temps des êtres vivants.

L'œil droit et l'œil gauche de Nataraja sont "Surya", le soleil, et "Chandra", la lune. Nataraja possède un troisième œil Jnana Netra "l'oeil de la sagesse" situé au centre du front. C'est ici que les hindous appliquent une tache rouge vermillon pour décorer leur front (tilak ou kumkum) dans l'espoir que cet œil de bon sens les protège de faire de mauvaises actions dans la vie.

Le Lumineux, tel est le sens du nom habituel donné à l’astre des nuits. La naissance de Chandra, dieu masculin, remonte à l’aube des temps, puisqu’il est né du barattage de la mer  de lait (1) par les Dieux et les Asura. Chandra était le fils d’Atri et d’Anusaya (la Bienveillance). Quelquefois, on le dit fils de Dharma, ou de Varuna, ou encore de Sûrya. C’est dire si sa filiation est incertaine. Il fut tout d’abord marié à Rohinî, une forme féminine de Vishnu. Mais il devint amoureux de Târâ, l’épouse de Brihaspati (Jupiter). Pour assouvir sa passion il enleva sa belle mais fut, pour ce forfait, condamné par un tribunal des dieux à errer sans fin dans le ciel des nuits, sans jamais pouvoir s’arrêter, ni pouvoir désormais revenir dans le domaine des dieux.

On représente Chandra vêtu de blanc, avec un visage doux et blanc, tenant un lotus bleu dans chaque main. Cependant, il n'a en général pas de corps. Il traverse les cieux sur un char à deux, parfois trois roues, tiré par une antilope, ou par dix chevaux blancs. Ses différentes phases furent personnalisées dès l’époque védique et on les désigne sous les noms de Raka, Anumati, Kuhu et Sinivali.

(1) Le barattage de la mer de lait (amritamanthana) est le mythe cosmologique de l’hindouisme. Au début des temps, les dieux et les démons qui étaient alors tous mortels, étaient en lutte pour la maîtrise du monde. Les dieux, affaiblis et vaincus, demandèrent l’assistance de Vishnu qui leur propose d’unir leurs forces à celles des démons dans le but d’extraire le nectar d’immortalité (amrita) de la mer de lait. Pour ce faire, ils devaient jeter des herbes magiques dans la mer, renverser le mont Mandara de façon à poser son sommet sur Kurma, avatar de Vishnu sous l’aspect d’une tortue, et utiliser le serpent Vasuki, le roi des Naga, pour mettre la montagne en rotation en tirant alternativement. Après mille ans d’effort, le barattage produisit un certain nombre d’êtres merveilleux et d’objets extraordinaires… Dont l’antilope, monture de Chandra.

dimanche 6 mai 2012

ALGECOW !

L’appellation évoque un univers en chantier, interzone de friches vipérines, où poussent l’euphorbe vivace et la construction modulaire aux senteurs migratoires et transit saturnien. On sait que l’euphorbe produit du latex, un lait toxique. Algecow serait de même essence, du même grain issu — antidote de la musique aseptisée. Mais c’est aussi ce suc s’écoulant des mamelles de la vache, ou de la semence pulsée du taureau blanc Apis.

Algecow est un produit de ferme industrielle déréglementée désirant farouchement retourner à la vie sauvage, un produit d’hybridation "alchimérique", porteur d’une énergie chamanico-cataleptique. Toujours prêt à la bigarrure, les deux bonshommes, la tête dans le bidon, gardent un air d’enfance "fanfaraonique", extrait à volonté de leur mine de fer aimanté. Off limits. Revenus de l'âge de pierre, ils font tourner leur meule à aiguiser et apportent avec eux le chant d’algue frappée, des accords de croupe délicieusement fouettée, une langue verte qui marie le bon du bond, l’abrupt et le tonitruant. Archaïque autant qu’arcadienne, la musique d’Algecow réveille en nous les bruits de la forêt primordiale : elle a la beauté évidente du veau marin par nature élevé sous la mer, du blues pur coton, mais conjuguant l’apport de matières synthétiques de claviers intempérants et rythmes épicés dépassant allègrement la mesure. Addobbo ! Votre lièvre précieux adoube illico les derviches d’Algecow, Thomas Barrière et Bastien Pelenc, deux fiers chevaliers de la Fable ronde.