La symbolique, pas plus que les croyances populaires, ne font de différence entre le lièvre et le lapin. Pour certaines civilisations anciennes, le lièvre était un « animal de la lune » car les taches sombres que l’on peut voir sur le disque lunaire ressemblent à un lièvre en pleine course.

Encyclopédie des symboles (sous la direction de Michel Cazenave, La Pochothèque,1996)


auteur-éditeur : www.remy-leboissetier.fr

mercredi 31 mars 2010

En forme de poire, Melonious Quartet [Oriente Musik, 2004]

Savoureux ! Savoureux, pittoresque, décalé, épicé d'un humour  comme on l'aime, c'est-à-dire le plus fin. Le Melonious Qt ne joue que sur mandolines et dérivés (créations d'André Sakellaridès, luthier à Marseille) : mandolines, mandole alto et mandolocelle s'unissent ici pour un hommage au bon maître, à notre cher vieux Bonhomme Erik Satie, auquel votre lièvre précieux voue un culte ancien. Initiative réjouissante, attisée par le choix du programme et attestée par l'écoute : cela débute par les "3 Morceaux en forme de poire" (variations autour d'un thème composées en réalité de 5 pièces, les 3 Morceaux sont précédés d'une "Manière de commencement" et d'une "Prolongation du même", suivis d'un "En plus" et d'une "Redite"). "Cinq grimaces pour le Songe d'une nuit d'été de 1915 (adaptation de Cocteau, ces "Grimaces" faisaient partie d'un projet d'Edgar Varèse, la musique de scène de Satie fut réduite pour piano en 1929 par Darius Milhaud) ainsi que "Embryons desséchés"  de 1913 (Satie indique à l'interprète, dans la première pièce, de jouer "comme un rossignol qui aurait mal aux dents") deux œuvres moins connues du compositeur profitent ici des subtiles transcriptions de Patrick Vaillant. Mais le plus intéressant me semble la musique du ballet "Parade" (qui fit grand bruit à l'époque de sa création en 1917, à cause de ses... bruits, dont l'idée revient à Cocteau). Bonne idée également d'intercaler les ensembles d'un "Tango" perpétuel et malicieux, extrait de "Sports et divertissements" - dont on aimerait entendre un jour la transcription complète par ces mêmes messieurs. La "Petite ouverture à danser", la "3e gymnopédie" et la "1ère Ogive" complètent la sélection, avec un arrangement du "Misterioso" de Thelonious Monk, complicité musicale qu'on ne peut qu'approuver et qui dénote beaucoup d'intelligence et d'à-propos. Chapeau !


"Le tango est la danse du diable.
C'est celle qu'il préfère.
Il la danse pour se refroidir.
Sa femme, ses filles et ses domestiques se refroidissent ainsi."
(Erik Satie, Sports et divertissements, 1914)

samedi 27 mars 2010

CHINE : Le Lièvre de Jade


Dans la Chine ancienne, le lièvre est un animal lunaire apothicaire, occupé à piler l'élixir de Longue Vie dans un mortier : il y mêle l'écorce de cassia (branches de cannelle), le jus de bambou et la cervelle de crapaud. Le quinzième jour de la huitième lune, "Monsieur Lapin" est fêté : il est représenté vêtu d'une robe et d'un bonnet de lettré protégé par une ombrelle... Dans "Le livre des êtres imaginaires", écrit avec la collaboration de Marguerite Moreno, Jorge Luis Borges apporte quelques précisions : "Le Bouddha, dans une de ses vies antérieures, pâtit de la faim ; pour le nourrir, un Lièvre se jeta au feu. Le Bouddha, en récompense, envoya son âme à la lune. Là, sous un acacia, le Lièvre écrase dans un mortier magique les drogues qui composent l'élixir de l'immortalité. Dans le parler populaire de certaines régions, ce Lièvre s'appelle le docteur, ou lièvre précieux, ou lièvre de jade."
Taiso Yoshitoshi, Le lièvre de jade


"Le chinois est serein
Et sur l’astre rouillé un rongeur de jade
Étend son reflet mauve comme un augure espiègle.

Nous vacillons dans la nasse des mots
Et les pauvres certitudes des sots querelleurs."

  • Biblio 1 : L'imaginaire et la symbolique dans la Chine ancienne, Maurice Louis Tournier (éditions l'Harmattan, 1991)
  • Biblio 2 : Le Livre des êtres imaginaires, Jorge Luis Borges avec la collaboration de Marguerite Moreno (éditions Gallimard, 1987)
  • Biblio 3 : Mathieu Rémi, Le lièvre de la lune dans l'antiquité chinoise.