La symbolique, pas plus que les croyances populaires, ne font de différence entre le lièvre et le lapin. Pour certaines civilisations anciennes, le lièvre était un « animal de la lune » car les taches sombres que l’on peut voir sur le disque lunaire ressemblent à un lièvre en pleine course.

Encyclopédie des symboles (sous la direction de Michel Cazenave, La Pochothèque,1996)


auteur-éditeur : www.remy-leboissetier.fr

lundi 27 janvier 2020

Private moon, Leonid Tishkov


"Private Moon" est un projet de l'artiste russe Leonid Tishkov. L’histoire de cette série, créée en 2003, est accompagnée de photographies originales. Tishkov et sa lune lumineuse ont depuis parcouru le monde – entre autres la Russie, la Nouvelle Zélande, l’Arctique, le Japon, la Chine, la France, l’Italie, et les États-Unis.

"Private Moon" est un poème visuel, racontant l’histoire d’un homme qui partage sa vie avec la Lune. Depuis le monde d’en haut, qui est en fait son grenier, il aperçut la Lune tomber du ciel. Elle se cacha d’abord du Soleil dans un tunnel sombre et humide, mais le bruit des trains l’effrayait. Elle vint alors se réfugier dans la maison de cet homme, qui enveloppa la Lune dans de chaudes couvertures, lui offrit des pommes d’automne et lui prépara une tasse de thé. Quand elle fut remise de ses épreuves, il la fit traverser, dans son bateau, la rivière sombre, pour arriver sur une rive élevée, couverte de pins de lune. Il descendit dans le monde du dessous, vêtu des habits de son défunt père, et en revint car la lumière de sa Lune personnelle guidait ses pas. Traversant un pont étroit, la frontière entre ces deux mondes, absorbé dans un rêve et s’occupant de cette créature céleste, l’homme devint un être mythologique vivant dans le monde réel comme s’il était un personnage de conte merveilleux. Chaque photographie est un récit poétique, un petit poème à part entière.

"De ce fait, chaque photographie est accompagnée de mes propres vers, que j’ai écrit au moment de réaliser les croquis préparatoires de ces clichés. Finalement, la Lune nous permet de dépasser notre solitude, nous nous unissons tous autour d’elle". (Leonid Tishkov) 

Leonid Tishkov est né en 1953 au sein d'une famille d'instituteurs, dans une petite ville russe de l'Oural. Il vit et travaille maintenant à Moscou.
 
L’œuvre poétique et métaphysique de Leonid Tishkov utilise divers supports et s'étend à différents genres : installations, sculptures, vidéos, photographies, travaux sur papiers, livres…

L'artiste a débuté sa carrière par la réalisation de cartoons dans les années 1980, au ton humoristique et satirique. Depuis le début des années 1990, il s’est plutôt tourné vers les installations à grande échelle, qui cherchent à impliquer le public et à les intégrer à des situations absurdes, où les personnages de dessin animés rencontrent l’action théâtrale. Les performances théâtrales "Dabloids", "Deep Sea Divers", "Living in the Trunks", ensuite transformée en installations ("Dabloid Factory", sculptures en bronze de "Divers" (plongeurs)). Parallèlement, Tishkov s’intéresse à la thématique du souvenir, et crée des collections d’objets, vidéos et photos sur le lieu de ses origines : l’Oural et sa défunte mère. Il utilise pour cela différentes formes d’art folklorique et de matériaux recyclés – vêtements et ustensiles domestiques ("The Knitling", 2002, "Divers from Heaven", 2004).

Depuis les années 2000, l’artiste verse dans la tradition romantique, voire magique, illustrée par une série de performances intitulées "Anthology of Heaven" (1999-2002), réalisées sur le toit de son studio, et par un disque retraçant l’histoire de Private Moon (2003-2017).

le site Web de Leonid Tishkov

Traduction : Léa Leboissetier

lundi 13 janvier 2020

La Dame dans la Lune (XVIIe siècle)

Si vous êtes restés attentifs, malgré ses périodes d'absence de plus en plus longues, vous vous souviendrez que votre lièvre lunaire a mentionné auparavant la présence de plusieurs résidents qui partageaient son territoire, dont la femme, représentante de l'espèce humaine, ici et . Cette femme, qu'elle soit représentée sous forme de déesse ou de vieille femme portant un fagot trouvait son origine soit dans les mythes soit dans les légendes populaires.

Ici, la « Dame dans la lune » est le produit d'une imagination romanesque qui se rapporte à la cartographie lunaire établie par Jean-Dominique Cassini (1625-1712) à partir de laquelle on a interprété une « vibrante déclaration d'amour de l'astronome à sa femme, par la femme ressemblant à un cœur dans la mer de la Sérénité et par la délicate tête de femme gravée de profil au promontoire des Héraclides, près du golfe des Iris » (La Lune : Du voyage réel aux voyages imaginaires, Réunion des musées nationaux-Grand Palais, 2019)

La présence d'une dame dans la Lune est en effet remarquée et se trouve confirmée par certains auteurs de l'époque. Ainsi de Jean de La Fontaine qui écrit, dans un passage de sa fable Un animal dans la lune (1678), en se moquant des savants : « Si je crois leur rapport, erreur assez commune / Une teste de femme est au corps de la lune / Y peut-elle être ? Non. D'où vient cet objet ? / Quelques lieux inégaux font de loin cet effet / La lune nulle part n'a sa surface unie / Montueuse en des lieux, en d'autres aplanie / L'ombre avec la lumière y peut tracer souvent / Un homme, un bœuf, un éléphant ». Nous l'avions déjà évoqué ici, à propos d'une satire de Samuel Butler.

À son tour Fontenelle (1657-1757), dans ses Dialogues sur la pluralité des mondes (1686), signale cette présence supposée : « Il n'y a pas jusqu'à une certaine demoiselle que l'on a vue dans la lune ».