Les
divinités de la mythologie proche-orientale sont assez difficiles à
cerner : elles sont en quelque sorte à l'image des anciens
peuples sémitiques nomades et se déplacent en fonction de
frontières elles-mêmes mouvantes, des différents royaumes et
grands centres des civilisations qui se sont succédé (du nord au
sud : Assur, Babylone, Uruk et Ur, proche du golfe persique). Il faut
bien sûr tenter d'y voir un peu plus clair en se replaçant dans la
géographie du Proche-Orient ancien, qui couvre une aire très
importante : du Levant à l'ouest, la Mésopotamie à l'est
(avec son grand centre que fut Babylone et l'ancien royaume
d'Assyrie), l'Anatolie au nord et l'Égypte au sud-ouest (le delta de
la Basse-Egypte), un ensemble parfois élargi à la péninsule
Arabique, le Caucase et la frange méridionale de l'Asie centrale. La
zone de définition contemporaine du Proche-Orient, issue de
l'idéologie coloniale, ne recouvre d'ailleurs qu'une partie de ce
qui est appelé historiquement le Proche-Orient ancien. Quoiqu'il en
soit, et malgré les multiples études, les contours géographiques
de ce Proche-Orient ancien restent assez floues... Si, pour des
raisons pratiques, on veut donc s'imposer un cadre minimum, on
prendra en compte les quatre aires suivantes :
1.
Le Levant, c'est-à-dire les pays bordant la côte orientale de la
mer Méditerranée : en premier lieu le Liban et la Syrie (les
États
du Levant
au sens français) ; mais la région
du Levant
inclut également la Palestine, Israël, la Jordanie, voire l'Égypte.
Nous avons là, approximativement, les anciens contours géographiques
du royaume de Phénicie.
2.
La Mésopotamie,
qui désigne « le pays entre deux fleuves », le Tigre et
l'Euphrate, correspond en majeure partie à l'Irak actuel, ainsi
qu'à la région nord-est de la Syrie (ancien royaume d'Assyrie).
Parallèlement,
le terme de Babylonie
désigne le sud de la Mésopotamie, c'est-à-dire la plaine
mésopotamienne. Au IIIe millénaire avant J.-C, la Basse Mésopotamie
est divisée entre deux ethnies : les Sumériens, dont on ne
connaît pas l'origine, parlant une langue sans parenté connue, et
une population sémitique que l'on appelle par commodité les
Akkadiens, qui formeront eux-mêmes des groupes importants (Ammorites
et Araméens). A partir de la moitié du IIe millénaire avant notre
ère, la région connaît deux entités politiques, dont l'une a pour
capitale Assur — c'est l'Assyrie — et l'autre qui a pour capitale
Babylone — c'est la Babylonie.
3.
L'Anatolie :
le terme vient du grec et signifie littéralement « lever de
soleil ». Elle représente la plus vaste zone asiatique de la
Turquie (près de 97% du territoire, les 3% restants étant une
partie de la Thrace historique européenne, située au-dessus de la
mer de Marmara, qui comprenait une partie de la Bulgarie). Parmi les
civilisations et les peuples qui ont vécu en Anatolie, citons :
les Hattis, les Hittites, les Hourrites, les Phrygiens, les
Cimmériens, les Grecs, les Arméniens, les Perses, les Galates
(peuple celte), les Romains (hellénisés et christianisés en
Byzantins) et les Ottomans. La plus importante des civilisations qui
s’y développa fut celle des Hittites (ce sont eux qui vont faire
une découverte encore plus importante que le bronze, l'étain et le
plomb : en chauffant certaines pierres
rouges,
ils vont découvrir le fer).
4.
L'Iran, c'est-à-dire l'ancien Empire
de Perse,
à propos duquel il serait vraiment trop long de s'étendre ici. Il
suffit de rappeler qu'au au Ve siècle av. J.-C., les
souverains achéménides règnent sur des territoires couvrant
approximativement ceux des pays actuels suivants: Iran, Irak,
Arménie, Afghanistan, Turquie, Bulgarie, Grèce (partie orientale),
Égypte, Syrie, Pakistan (grosse partie), Jordanie, Israël,
Palestine, Liban, Caucase, Asie centrale, Libye, et Arabie saoudite
(partie nord). L'empire devient par la suite le plus grand du monde
antique, avec un territoire couvrant approximativement 7,5 millions
km². Face à cette démesure, vous excuserez votre lièvre
précieux
de ne pas fournir de plus amples détails ! La mythologie perse
est à la fois très voisine et profondément différente de la
mythologie de l’hindouisme. Elle en est très voisine parce que les
Iraniens sont, de tous les peuples indo-européens, celui dont la
langue a le plus d’affinités avec le sanskrit et aussi celui qui
est resté avec les Aryens de l’Inde en relations les plus
fréquentes. Elle en est profondément différente, parce que la
religion des anciens Perses acquiert de bonne heure un caractère
beaucoup plus moral que mythologique. Le
meilleur recueil de mythologie perse ancienne est contenu dans le
Shâh Nameh de Ferdowsi (livre des rois), écrit il y a plus de mille
ans. La plupart des informations à propos des dieux persans antiques
peut être trouvé dans les textes religieux de Zoroastre.
Ouf !
On peut maintenant commencer...
Sîn
est la divinité personnifiant la Lune dans la Mésopotamie antique.
Comme la plupart des autres dieux mésopotamiens elle a eu plusieurs
noms : Sîn (ou Sî') correspond à la forme akkadienne de son
nom (langue des royaumes de Babylone et d'Assyrie) tandis qu'en
sumérien, la divinité est connue sous les noms Nanna(r)
ou Su'en
(d'où dérive sans doute le nom akkadien).
Nanna/Sîn
était une des divinités les plus importantes du panthéon de la
Mésopotamie, sans jamais avoir joué un rôle majeur dans la
mythologie. Il était subordonné à son père le grand dieu Enlil,
mais les deux autres grandes divinités astrales, la déesse
Inanna/Ishtar (déesse de l'Amour hermaphrodite liée à Vénus,
Ashtoret chez les Phéniciens, Astarté du royaume hittite d'Ougarit,
sur la côte syrienne) et le dieu solaire Utu/Shamash étaient
considérés comme ses enfants. Du fait de l'importance du cycle de
la lune dans le culte religieux, il a conservé une place de premier
plan durant toute l'histoire mésopotamienne, et son principal
sanctuaire, dans la grande ville d'Ur, fut l'un des principaux lieux
de culte de la région (un autre étant situé à Harran, dans le
Nord-Ouest, c'est-à-dire dans la partie orientale de l'actuelle
Turquie). Il est manifeste que le temple du Dieu-Lune à Ur est alors
l'un des plus importants de la Basse Mésopotamie, et le grand roi
Sargon d'Akkad fait de sa fille la grande-prêtresse du dieu, épouse
terrestre de la divinité. Il est imité en cela par d'autres rois
par la suite.
Astarté |
Ziggourat d'Ur dans l'Irak actuel |
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