Margaret
Leng Tan, qualifiée de "reine du piano-jouet" par le
New
York Times,
propose avec ce disque (disponible également en DVD) une suite de
pièces de compositeurs pour la plupart vivants : Laura Liben
(1943), Ross Bolleter (1946), Jerome Kitzke (1955), Toby Twining
(1958), Erik Griswold (1969) et du vétéran George Crumb qui aura 84
ans en octobre prochain. Cette distinction royale, Miss Tan la doit
bien sûr à son talent et à ses choix d'interprétation, mais
principalement à John Cage, décédé en 1993, qui composa lui-même
une Suite pour toy piano en 1948, que Margaret Len
Tan interprète ici, ainsi que son propre arrangement de Dream,
que John Cage composa pour le chorégraphe Merce Cunningham, et qui
fait écho aux compositions d'Erik Satie.
Après
avoir découvert la Suite pour piano jouet de Cage en
1993, Margaret Leng Tan a été fascinée par le potentiel artistique
de ce mini-instrument de concert, et à la suite, par d'autres de
même facture, dédiés aux enfants, qui ont fini par former au cours
des années une espèce de petit théâtre.
Un
premier album, The art of toy piano sorti en 1997
présente des arrangements de Satie, Philip Glass, mais fait entendre
aussi une version de Eleanor Rigby des Beatles,
arrangée par Toby Twining. On pourrait dire que cela est assez
rigolo, juste amusant, mais à l'écoute on doit admettre que ce type
de musique dépasse le simple exercice et possède la valeur d'un
véritable enchantement, d'enfantine chamanerie. Pour paraphraser
Jorge Luis Borgès, on pourrait dire de Margaret Leng Tan « qu'elle
interprète la musique avec le sérieux d'une enfant qui s'amuse ».
La rigueur évidente de l'exécution, considérant la maîtrise moins
évidente de ce genre d'instruments pouvant ne pas sonner « juste »
requiert une capacité d'adaptation de tous les instants. Bien
entendu, ce qui ravit dans cette musique sérieuse et drôle, c'est
justement le jeu, dans tous les sens du terme, d'un
art funambulesque.
Ou comment détourner un jouet au son insupportable pour en faire une œuvre d'art à part entière, merci et bravo pour la trouvaille !
RépondreSupprimerC'est tout l'art de l'enfance de l'enfance de l'art, quand il ne se prend pas trop au sérieux !
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