La symbolique, pas plus que les croyances populaires, ne font de différence entre le lièvre et le lapin. Pour certaines civilisations anciennes, le lièvre était un « animal de la lune » car les taches sombres que l’on peut voir sur le disque lunaire ressemblent à un lièvre en pleine course.

Encyclopédie des symboles (sous la direction de Michel Cazenave, La Pochothèque,1996)


auteur-éditeur : www.remy-leboissetier.fr

mercredi 19 février 2014

La lune [Sibérie, Alaska]

chaman toungouse
La divinité solaire est le plus souvent féminine, tandis que celle de la lune se rapporte à la figure du mari, du frère, personnage ambivalent : « clarté et ténèbres, source de vie, régulatrice des saisons, associée à la fécondité, mais aussi au froid, à la mort, au chamanisme noir. »
Chez les peuples de l'extrême orient sibérien, essentiellement maritimes, « prévaut l'aspect bénéfique, encore que redoutable, de l'homme-lune. »

Le mythe d'origine, comme de nombreux autres, relate un inceste.
Parmi les représentations matérielles des deux astres, le thème de la balle dérobée et lancée au ciel se rencontre chez les peuples de l'Alaska et de Sibérie. Ceux-ci attribuent seulement au lièvre le larcin, ailleurs exécuté par le corbeau démiurge.
Les hommes ne discernent pas seulement le dieu-lune et son épouse à la surface de la lune. Les Samoyèdes y voient un chaman, victime de l'attraction de la lune ou monté volontairement et qu'on distingue encore avec son tambour et ses bottes. […]
 
En Sibérie, le lièvre de la lune se signale parfois. Sa présence dans la lune altaïenne est indiscutable.../... Une périphrase mongole désigne la lune comme celle « qui tient le lièvre » (taolai). Le nom du lièvre est commun aux langues altaïques et chinoises ; selon Pelliot, il s'agirait d'emprunts très anciens, linguistiques et, sans doute, mythologiques. Des allusions indiquent çà et là, une relation lièvre-sphères célestes. Mongols et Khakass sacrifiaient au maître du lièvre blanc, protecteur de la chasse ou lui consacraient un animal blanc et le priaient lors du sacrifice collectif au ciel, où évidemment il résidait. Une forme de kamlenie (séance chamanique) toungouse, dirigée vers le monde supérieur, porte le nom de tuksav'i, dérivé comme le nom même du lièvre (tuksak'i) de tuksa « courir » et le lièvre y joue le rôle de messager. Sortant, au terme de ses chants, d'une extase assez comparable à celle du chaman, le barde altaïen déclare redescendre « chevauchant un lièvre blanc, sur la terre éclairée par le soleil et la lune. » 

La lune, mythes et rites
Sources orientales (éditions du Seuil, 1962)

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