Les
miroirs empoisonnés présente
un choix de cinq nouvelles de Milorad Pavić opéré à partir d’un
ensemble publié en 1979 puis traduit du serbe en langue française
en 1991 par Maria Bejanovska pour les éditions Belfond, sous le
titre Le
lévrier russe
(le livre reprend également la postface intégrée à cette édition
française, où l’auteur apportait un bref éclairage sur la
composition de ses récits et sa conception de l’écriture).
Les
textes contenus dans Le
lévrier russe,
outre leur indéniable qualité, exercent un charme particulier sur
le lecteur qui n’est pas aisément explicable — à quoi bon
d’ailleurs l’expliquer, puisque cette relation au lecteur aura
toujours été un sujet de réflexion essentiel de l’auteur,
par l’utilisation de formes narratives dont il s’explique
lui-même ? Fût-elle partielle, une réédition s’imposa
rapidement, destinée à remettre en lumière les éléments d’une
œuvre littéraire qui, depuis deux décennies, a été rejetée dans
l’ombre. En effet, malgré l’attention dont ils avaient bénéficié
en France (1)
et l’intérêt qu’ils continuent de susciter, les livres de Pavić
sont devenus pour la plupart indisponibles, alors même que nous
sommes encore loin d’en connaître l’intégralité. Offrir un
nouvel accès à ces œuvres, contribuer à leur imprimer un nouvel
élan, voilà qui recouvre donc une mission estimée d’importance,
bien que modeste, celle-ci restant conditionnée à la faible mesure
de nos moyens.
Si,
comme on le dit, les livres une fois écrits n’appartiennent plus à
leur auteur, il arrive que celui-ci soit néanmoins soumis aux
événements de l’histoire. Pavić avoue avoir payé pour cela une
chère redevance. Certes, toute œuvre — ne serait-ce que par sa
propre langue — porte l’empreinte d’un temps, d’un espace
géographique précis, mais ce qui nous intéresse ici, bien au-delà
des querelles obscures qui agitèrent différents peuples et
opposèrent différentes communautés, c’est d’offrir au public
la possibilité de redécouvrir un auteur qui a fait de cette
mosaïque, de ce croisement des civilisations dont il connaissait
toute la richesse, une vraie valeur d’échange.
Les
éditions Venus
d’ailleurs,
petite structure éditoriale indépendante, en inscrivant ce livre à
son catalogue de publications, entendent marquer leur attachement à
une littérature qui se joue librement des frontières tracées entre
le temps et l’espace, qu’elle soit le fait d’une pensée perçue
comme « magique »,
celle d’un état révélateur de « correspondances »,
ou le lieu de « jongleries »,
qui mettent le jeu en l’être et l’être en jeu, comme pour
fonder une néo-logistique qui bifferait du vocabulaire l’étranger
au plus curieux bénéfice de l’ « étrangeux ».
La
collection Pallas
Hôtel,
créée en 2010, offre trois « portes », qui sont en fait
trois voies fonctionnant en accord avec les couleurs primaires :
M pour Magenta, C pour Cyan et J pour Jaune. Par la nature des échos
qu’il fait résonner en nous, et comme son prénom y prédisposait,
Milorad emprunte la porte M, qui est donc celle de la Magie, de
l’illusion. En souhaitant que ce point de passage permette d’ouvrir
d’autres issues… Ici même et ailleurs, au croisement de mondes
encore inconnus, tels que Milorad Pavić se serait plu de les
imaginer.
(1) Félicitons au passage l’éditeur Pierre Belfond qui, en son
temps, à la suite de l’immense succès du Dictionnaire Khazar
de Milorad Pavić, a permis de publier au total six livres de
l’auteur en langue française, de 1988 à 1995.
96p. format 10,5 x 21 cm – couverture
bichromie noir-magenta de Tino Di Santolo
500 exemplaires courants sur papier
Centaure naturel 120g
+ 4 exemplaires numérotés sur papier
Arches, comportant en frontispice un dessin original de Tino Di
Santolo
Pour en savoir +
LE SITE OFFICIEL DE MILORAD PAVIC (en anglais)
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