La symbolique, pas plus que les croyances populaires, ne font de différence entre le lièvre et le lapin. Pour certaines civilisations anciennes, le lièvre était un « animal de la lune » car les taches sombres que l’on peut voir sur le disque lunaire ressemblent à un lièvre en pleine course.

Encyclopédie des symboles (sous la direction de Michel Cazenave, La Pochothèque,1996)


auteur-éditeur : www.remy-leboissetier.fr

dimanche 11 mai 2014

Arma, Kousoukh : la Lune chez les Hittites et les Hourrites [ Anatolie ]


I. LES HITTITES

Les deux grands peuples anatoliens d'origine indo-européenne qui ont constitué les cadres de l'Empire hittite, "Nésites" au nord et au centre, "Louvites" au sud et à l'ouest, ont en commun le nom de la lune, arma, et des dérivés de ce nom (1). La lune se présente, par sa forme linguistique, comme un symbole biologique, et c'est en effet le rôle que les Hittites lui reconnaissent.
Cependant, aucune fête dédiée à Arma ni de clergé voué à son culte n'ont pu être mis à jour. Les seules traces que l'on puisse relever d'une divinité lunaire chez les Hittites apparaissent dans la magie. La lune agit comme une puissance infernale, déesse souterraine patronne des morts et instigatrice du mal physique. Car la lune, comme Hécate, s'apparente à la nuit, aux enfers, à la mort. Si le soleil est le grand témoin des actions diurnes, la lune châtie le criminel nocturne.

(1) Armanni, croissant ; armawant, gravide ; armah, engrosser ; arma-hatar, mesntrues ; arman, maladie, faiblesse ; armuwal, action de la lune.

II. LES HOURRITES

Au milieu du second millénaire, une population d'origine orientale, parlant une langue de type caucasien, s'était établie entre les Mésopotamiens sémitiques et les Anatoliens, sur le Moyen-Euphrate, en Syrie du nord et en Cilicie.../... Le centre de propagation hourrite vers l'ouest fut le sanctuaire cappadocien de Comana ; de là parvinrent jusqu'au cœur du pays hittite le culte de plusieurs divinités babylonniennes.../.. En Syrie, d'autre part, la cité d'Ougarit, mêlée de Sémites et de Hourrites, offre également un mélange singulier de cette civilisation.
Le dieu lunaire Kousoukh est précisément l'une des figures divines les mieux caractérisées de ce milieu religieux. Dès leur arrivée dans le croissant fertile, les Hourrites ont dû intégrer leurs dieux nationaux au système babylonien. Kousoukh, la lune, est alors assimilé à Sin. Quatrième dans la hiérarchie divine, on attribue à Kousoukh le chiffre 30, et il précède le Soleil divin, avec lequel il constitue une paire astrale.
Kousoukh est un dieu masculin, armé de la massue, ailé, barbu, vigoureux.../... Le dieu-lune des Hourrites présente aussi une originalité, qui est de remplir une fonction particulière : il est le grand patron du Serment.../... On l'associe, à ce titre, à une figure féminine parallèle, Ishara, sorte d'Ishtar occidentale.

La religion traditionnelle de l'Asie mineure pré-hittite et hittite ignorait un dieu de la lune, et reléguait celle-ci au rang des puissances obscures, magiques, insaisissables. Mais l'idée que la lune et le soleil, tous deux astres lumineux, doivent se partager, alternativement, la charge de regarder les choses d'ici-bas, et de sauver par leur témoignage le serment, source et garantie du contrat, tout ce corps de doctrine évolué appartient à un stade plus "moderne" de la pensée religieuse. Sur ce point comme sur tant d'autres, les Hourrites, eux-mêmes élèves de la Mésopotamie, ont été les éducateurs des Hittites.

Emmanuel Laroche, in La lune, mythes et rites (Sources orientales, le Seuil, 1962)

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